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les petites à Fonfon

29 janvier 2019

Préambule

Préambule
Lorsque j'exposais pour la première fois mes tableaux dans le village du Canon, aucun autochtone ne vint au vernissage. Un matin cependant un vieux parqueur vint s'asseoir devant ma porte et me demanda : mais tu es qui toi ? et je répondis, surprise :...
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30 janvier 2019

1 - baignade d'automne

©baignade d'automne

baignade d'automne

C'est en septembre, la matinée s'étire vers midi, l'eau scintille à marée haute sur la plage de Piraillan, une baigneuse sans âge rentre prudemment dans l'eau fraîche, elle va nager le long des piquets. Tout est redevenu presque calme après l'été surpeuplé. C'est elle, c'est moi, c'est vous dans la lumière et la fraîcheur uniques, gravées dans nos souvenirs comme un bien-être absolu.

 

30 janvier 2019

2 - Mes paysages

Ne cherchez pas dans mes images le phare du Cap-Ferret, les cabanes Tchanquées, les pinasses alanguies à marée basse. Je laisse les clichés à ceux qui manquent d'imagination. Il y a autre chose à voir dans les paysages de la presqu'île, il y a les émotions qui l'emportent sur le reste, voir le beau sans qu'il soit joli. Il faut aussi sentir la hâgne, la puanteur des coquilles d'huîtres, l'odeur de l'iode et des moteurs, le mazout réchauffé au soleil, les appâts écrasés sur le vieux ponton, les algues séchées sur les parcs, les ciels lourds et orageux de l'été indien.

©le vieux ponton

le vieux ponton

 

©mazout

le mazout

 

©les parcs

les parcs

 

©la pointe2

la pointe

 

©l'été indien2

l'été indien

 

©les piquets2

les piquets

 

vieux journal froissé

comme un vieux journal froissé

30 janvier 2019

3 - Nos loisirs, la maison maternelle

©nos loisirs 2008

Nos loisirs

Trois amis : Alphonse dit Fonfon, Charles et Jules dit Julot, trois maisons.

1936, ils achètent un petit terrain à Piraillan, près de la plage, tout en longueur, mal foutu mais abordable.

Le rêve des privilégiés du front-pop : la villa d’été pour jouer les estivants, faire rêver les femmes des vacances qu’elles n’auront pas et donner du bon air aux enfants.

©la mérotte

la mérotte

Les deux premières maisons sont longues et étroites et ouvrent leurs arcades respectives en vis-à-vis à Fonfonette (de Fonfon) et Germaine (de Julot).

Charles a fait bâtir tout au fond du terrain.

Peu d’intimité pendant les vacances, à part quand les hommes sont partis à la pêche, à la coinchée ou aux boules. Fonfonette, la timide besogneuse, passe sa vie en cuisine, à préparer la soupe servie midi et soir ou à nettoyer les poissons pêchés avec les copains.

Les hommes s’occupent des filets, la maïs éteinte collé au bec, le pernod jamais très loin, à parler de la pêche du jour où de celle du lendemain.

Les enfants s’élèvent ensemble, la peau brunie par le soleil et le sel, irritée par les maillots en laine, on s’enlève juste le sable des pieds avant d’aller dormir.

 

©juillet 1948

juillet 48

Les repas sont souvent très animés. On fête : pâques, la pentecôte, le 14 juillet, le 15 août.

On se retrouve nombreux et joyeux de la journée à venir, les chaussures tombent sous la table, on se régale toujours bien sûr ; les femmes et les jeunes filles débarrassent et on fait valser les petits verres à liqueur : Marie Brizard, Cointreau, Grand Marnier.

Puis c’est l’heure de la photo, il y aura deux ou trois occasions comme cela dans l’année.

On se serre, on sourit, on rigole même, il faut voir tout le monde sauf le photographe mystérieux. La pellicule sera développée des mois plus tard, quand elle sera pleine.

On marquera derrière chaque tirage : Pentecôte 1955, 14 Juillet 1948...

w un été 42

août 51

« Nos loisirs » existe encore, la plaque en ciment devant le portail est toujours lisible, j’aime bien aller toucher son message rugueux.

30 janvier 2019

4 - Jo-Clo, la maison paternelle

©léa elle est

Léa elle est

Léa, Robert, Josette et Claude emménagèrent sur la dune du Canon en 1938. Il paraît que ce jour là, un incendie ravageait la forêt. Tout fut posé en plan au milieu de la route et mon grand-père parti aider à éteindre le feu. Cette année là, il y eu non seulement la vue sur le Bassin, mais aussi sur l'Océan.

S'écoulèrent d'heureuses années dans le calme et l'intimité familiale, mais une haute maison se construisit côté Est et vola "leur vue". Mes grands-parents ne rendirent plus à Jo-Clo qu’une visite annuelle de politesse, comme on va voir un parent éloigné qui n’a plus de conversation. Ils tenaient la maison et le jardin propres, parce qu’il faut bien le faire, pour les enfants et nous leurs petites filles.

©à jo-clo

à Jo-Clo

La maison m’attend. J’arrive à bride abattue devant la porte en bois. La grosse clé dérape et fini par trouver son chemin, cueulic-cueulic et l’odeur de Jo-Clo arrive comme une bouffée bienfaisante.Cette fois-ci c’est septembre. La maison est encore chaude de l’été bien rempli.

J’ouvre vite les volets pour faire entrer l’air du soir. Les sacs attendront dehors, puis seront vidés et cachés afin d’oublier mon prochain départ.

Coup d’oeil général et particulier, qu’est-ce qui a changé ? Je déplace quelques bricoles pour retrouver mon ordre.

Une cigarette et un verre sous le petit porche qui malgré son attrait ne me tient pas en place, je dois faire le tour de la maison, juger le jardin, ramasser une pigne, ranger un ballon oublié.

Nous avons fini par inventer une nouvelle vie à la maison, beaucoup moins calme que la précédente car elle a abrité notre gourmande jeunesse et une quatrième génération d'enfants estivants !

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30 janvier 2019

5 - les photos de famille

Des photos admirées, perdues et retrouvées. De beaux regards fixés sur l'objectif, des histoires que l'on sait et d'autres que l'on invente.

Elles sont comme des vêtements mélangés dans un sac oublié au fond du garage : les bikinis, le short en éponge, les marinières, les cirés moisis, les méduses trop petites, les bottes en cahoutchouc. Les épuisettes trouées, les planches de surf abandonnées, la vaisselle ébréchée, les moulins à café délaissés. Précieux objets inutiles rappelant à notre mémoire ceux qui les ont animés.

 

©à l'océan

à l'océan

 

©les coupines

les coupines

 

©piraillan 1953

Piraillan 1953

 

©le blockhauss

le blockhauss

 

©monique et nanette

Monique et Nanette

 

30 janvier 2019

6 - les tables

On aime manger, boire, traîner devant des apéros interminables, cuisiner. Déguster des huîtres surtout, avec un vin blanc bien frappé, cuire des soles, des bigorneaux, des araignées, des pâtes pour les enfants affamés. S'affaler la nuit dans les chaises longues pour regarder les étoiles en écoutant de vieille cassettes : India Song, l'affaire Louis Trio, Chedid, Nino Rota, Léo Ferré...

©le couvert

le couvert

 

©l'assiette

l'assiette

 

©2008-l'apéro

l'apéro

 

w midi à jo-clo

midi à Jo-Clo

 

©les huîtres citron

huîtres et citron

30 janvier 2019

7 - les maisons fermées

L'été en traversant les villages de pêcheurs, on entend la radio, le bruit des assiettes, les disputes, le chahut des enfants, on hume les fumés appétissants, on croise la queue d'un chat pressé, on enjambe un chien parresseux.

Mais l'hiver, qu'y a t'il derrière les rideaux fânés des maisons fermées ?

©fenêtre bleue2

fenêtre bleue

 

©roots

roots

 

maison orange

maison orange

 

©cabane blanche

la boule

 

©la porte blanche

porte blanche

 

©le volet jaune-3

le volet jaune

27 janvier 2019

8 - le chemin vers la plage de l'Herbe

Je descends le petit chemin sinueux bordé de yuccas, il me fait penser à Tahiti – bien que je ne connaisse de Tahiti que le capitaine Troy ou les paréos en coton – c’est peut être ma crème solaire aussi.

La matinée n’est pas encore gâtée par la chaleur et la lumière trop fortes. L’eau scintille  et clapote entre les bateaux amarrés sur le sable. Elle monte, c’est une belle promesse de baignade. Elle recouvre l’odeur glauque des algues et des coquilles d’huîtres écrasées.

Je suis descendue seule, je n’aime pas trop ça mais j’en ai marre de la maison là haut où tout le monde s’affaire de façon désordonnée autour du repas. J’attache mes cheveux longs, mais je vais mettre la tête sous l’eau de toutes façons. Pas de vraie baignade sans regarder le fond du sable jaune qui se soulève. Puis je m’allongerai jusqu’à la brûlure mordante du soleil sur mes cuisses, l’apparition des petites marbrures rouges, qui donneront le signal du départ.

Le petit chemin est dur à remonter sous le soleil de plomb. La sueur dégouline entre mes jeunes seins. Arrivée à la maison, je jette mon panier et traverse le séjour en maillot, le sable collé aux jambes. Ma grand-mère me dit « tu as bruni ! »

IMG_5338

le chemin de l'Herbe

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